Deux ans après l’importante rétrospective consacrée à Michael Biberstein par Culturgest à Lisbonne en 2018, la galerie Jeanne Bucher Jaeger présente une nouvelle exposition réunissant peintures et œuvres sur papier de l’artiste suisse-américain Michael Biberstein, portugais d’adoption depuis plus de quarante ans. 

L’exposition se propose d’explorer les différentes étapes de la vie artistique de Michael Biberstein né le 7 novembre 1948 à Soleure en Suisse alémanique, et décédé le 5 mai 2013 à Alandroal au Portugal – depuis sa phase de déconstruction analytique de la peinture des années 70, où la structure même de son art est perçue comme un système de signes, à sa longue et méticuleuse recherche picturale à partir de la fin des années 80 : installations composées de bambou alternant espaces et interstices de fines couches de toiles, oeuvres exprimant la polarité du rapport sol/mur ou le contour d’une forme, ou encore la série d’images Prospect/Refuge ou celle de prédelles monochromes d’inspiration médiévale renforçant le paysage. Puis l’étude même du medium de la peinture, l’huile et l’acrylique, la déclinaison des syntaxes possibles jusqu’à la peinture comme expérience spatio-temporelle fondée sur une réponse physiologique, émotionnelle et intellectuelle que la couleur, la forme et le medium ont sur l’observateur.

Réminiscences admiratives des Vernet, Friedrich, Turner, Monet, Cézanne, Rothko, tout autant qu’empreintes secrètes des paysages orientaux, l’artiste identifie ses peintures comme des « machines à voir ».

Comme l’écrit l’historien d’art Delfim Sardo, commissaire de sa rétrospective récente : Michael Biberstein a forgé en son œuvre un pont rare entre la pratique de la peinture, l’utilisation d’un langage conceptuel provenant de la philosophie analytique, une attention portée au paysage à travers le processus de la peinture même, émanant d’une perspective éduquée et engagée historiquement, à travers la réhabilitation d’une compréhension toute particulière de la contemplation. 

En intégrant systématiquement l’observateur comme partie inhérente de son œuvre, soit que celui-ci l’amplifie, lui offre un horizon ou s’y réfugie et s’y sente en sécurité, l’artiste provoque en son œuvre une réaction intellectuelle et spirituelle du sublime sur l’humain, indissociable de sa propre expression artistique. L’apothéose étant la conception du Ciel de 900m2 de Michael Biberstein suspendu, lumineux, qui envahit la majestueuse voûte de l’Eglise baroque Santa Isabel à Lisbonne à laquelle l’artiste a consacré les quatre dernières années de sa vie, et dont la réalisation ultime s’est achevée en 2016, trois années après son décès. 

Marqué tout autant par la peinture romantique allemande que par la plus noble tradition de la peinture chinoise et la découverte de l’oeuvre de Mark Rothko qui va bouleverser sa vie, Michael Biberstein quitte sa Suisse natale dans les années 60 pour étudier l’Histoire de l’Art aux États-Unis auprès du critique britannique David Sylvester à Philadelphie où il comprend paradoxalement que l’expérience et le langage de la pratique picturale priment sur la théorie. 

Il s’intéresse à l’art Paléochrétien, à l’architecture sacrée, ainsi qu’à la peinture baroque, et plus particulièrement à Giovanni Battista Tiepolo. 

C’est au Portugal à la fin des années 70, d’abord à Sintra puis dans l’Alentejo où il résidera que Michael Biberstein trouve l’atmosphère propice à sa création. 

Par delà toute temporalité, sa peinture est quête métaphysique. Aucune forme spécifique ne s’y distingue, nul indice de réalité, un sublime ailleurs et partout qui ne fixe et n’identifie rien et guide l’observateur dans un espace à la fois proche et lointain, intérieur et extérieur, intime et distant laissant entrevoir notre impossibilité à percevoir les limites de l’univers tout comme celles de notre être. A peine quelques indices de titres qui font écho aux énigmes de l’Univers et au grand intérêt de l’artiste pour l’astrophysique. 

Notre regard silencieux ne se pose pas sur le paysage de ses toiles, mais convoque instantanément et mystérieusement notre historicité intérieure, nos paysages intimes. 

Une oeuvre prenant ses sources dans l’histoire de l’art mais qui devient quête métaphysique et fait de l’homme un être humain confiait Michael Biberstein en 2006 à Véronique Jaeger. 

L’exposition SEEING nous invite à pénétrer plus encore au coeur de l’échelle du regard par delà toute temporalité dans l’espace des champs magnétiques de l’acte de voir.

Michael Biberstein, Blue Wonder, 2006
Acrylique sur toile de lin
190 × 180 cm
Photographie de Hervé Abbadie
Michael Biberstein, Glider, 2007
Acrylique sur toile
200 × 290 cm
Photographie de Jean-Louis Losi
Michael Biberstein, K3, 1991
Acrylique sur toile
230 × 370 cm
Photographie de Georges Poncet
Michael Biberstein, FP/04, 2004
Acrylique sur toile de lin
110 × 105 cm
Photographie de Hervé Abbadie
Michael Biberstein, White Cube, 1986
Acrylique sur toile
150 × 180 cm
Photographie de Jean-Louis Losi
Michael Biberstein, Sans titre, 1992
Huile sur toile
190 × 120 cm
Michael Biberstein, Etude pour un ciel, 2010-2013
Encre sur papier
57 × 76,7 cm
Photographie de Laura Castro Caldas
Michael Biberstein, Sans titre, 2009
Encre sur papier
20 × 39 cm
Photographie de Georges Poncet
Michael Biberstein, Sans titre, 2009
Encre sur papier
30 × 60 cm
Photographie de Georges Poncet
Michael Biberstein, Sans titre
Aquarelle et encre sur papier
30,3 × 45,5 cm
Photographie Cintra & Castro Caldas
Michael Biberstein, Untitled (double wall piece), 1977
Huile sur toile et acrylique sur bande de gaze
80 × 163 cm
Photographie de Hervé Abbadie
Michael Biberstein, Sans titre, 2003
Acrylique sur papier
40 × 30 cm
Michael Biberstein, Landscaping the Monochrome, 1992
Alkyd et huile sur une base monochrome acrylique de jaune cadmium sur toile
92 × 165,5 cm
Photographie de Jean-Louis Losi
Michael Biberstein, Étude pour un Ciel, 2010-2013
Aquarelle sur papier
57 × 76,7 cm
Photographie de Laura Castro Caldas
Michael Biberstein, 4-teilige Auflosung Einer Horizontalen Richtung Landschaft, 1983
Pastel à l’huile sur papier
29,2 × 42 cm
Photographie de Georges Poncet
Michael Biberstein, Sans titre, 1984
Encre de Chine sur papier
29,6 × 20,9 cm
Photographie de Laura Castro Caldas
Michael Biberstein, Sans titre
Pastel sur papier
16,1 × 22,8 cm
Photographie de Laura Castro Caldas
Michael Biberstein, Untitled
Acrylique sur aggloméré
19 × 25 × 2 cm
Photographie de Hervé Abbadie
Michael Biberstein, Prospect- / Refuge - / Image, 1987
Aquarelle, encre et crayon de couleur sur papier
39,9 × 29,8 cm
Michael Biberstein, Sans titre, 2009
Encre de Chine sur papier
35,3 × 50,5 cm
Photographie de Georges Poncet
Michael Biberstein, Flyer, 1979
Acrylique sur plâtre
19 × 20 cm
Photographie de Hervé Abbadie
Michael Biberstein, Flyer, 1979
Acrylique sur plâtre
23 × 26 cm
Photographie de Hervé Abbadie
Michael Biberstein, Untitled (One side painted, three raw), 1982-83
Acrylique sur bois
31,7 × 36 cm
Photographie de Hervé Abbadie
Michael Biberstein, D Glider, 2004
Acrylique sur toile de lin
220 × 180 cm
Photographie de Hervé Abbadie
Michael Biberstein, Untitled
Acrylique sur toile de lin
90 × 60 cm
Photographie de Hervé Abbadie
Michael Biberstein, Untitled
Acrylique sur aggloméré
14 × 25 × 2 cm
Photographie de Hervé Abbadie

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