01.02.2024 — 13.02.2024

Signature et accrochage « Portrait en fragments »

Dado

Espace Marais

DADO

Accrochage Portrait en fragments
du 1er au 10 février 2024
Prolongé jusqu’au 13 février 2024

Signature et rencontre
Jeudi 1er février à 18h
En présence de Christian Derouet, Catherine Millet, Amarante Szidon, et l’amitié de Germain Viatte.

 

La parution simultanée du livre d’entretiens, Portrait en fragments, et de l’album photographique, Dado, Le temps d’Hérouval, permet de revenir sur la vie et l’œuvre de l’artiste monténégrin. Deux volumes indispensables pour qui s’intéresse à l’art de la peinture, du dessin et de la gravure, à la photographie et à la libre parole de l’artiste (…) Ces deux ouvrages sont des livres d’amour (…)
(…) L’histoire de l’art s’écrivant comme on sait, la visibilité de l’œuvre de Dado a cessé d’avoir la visibilité qu’elle avait pu avoir de son vivant. Mais le moment est propice aujourd’hui au réexamen des inclassables. Dado se rangeait lui-même aux côtés de Klossowski et de Bettencourt parmi les « artistes qu’on ne peut pas mettre entre toutes les mains ». Christian Derouet, qui signe la postface, dit avec raison qu’il était plus près de Füssli que de Bacon. On aurait tort d’interpréter cette position à part comme une sorte de hauteur déguisée en modestie. Ultime paradoxe, l’artiste disait aussi « je travaille pour l’humanité entière ». Il y avait une profonde humanité dans ses monstres.

Catherine Millet, Dado, pour l’humanité entière, artpress, janvier 2024

La Galerie est heureuse de présenter un nouvel accrochage d’œuvres de DADO (1933-2010), conçu en écho à ces deux récentes publications offrant un éclairage inédit et singulier sur l’artiste. Parmi cette sélection d’ œuvres emblématiques, des peintures et dessins : le Triptyque de Pali-Kao, le Triptyque de Narval, le Triptyque de Bowery, Mayfair House, l’Atlas de Dermatologie…, accompagnés de quelques photos de l’atelier de Dado et l’univers d’Hérouval par son fils Domingo Djuric.

Issu d’une famille d’intellectuels, Dado (Miodrag Djuric dit, 1933-2010) naît à Cetinje (Monténégro). Marqué par la tragédie de la guerre, et très affecté par la mort de sa mère en 1945, Dado quitte l’école et ne la retrouve qu’en 1947 pour intégrer l’école des Beaux-arts de Herceg Novi puis celle de Belgrade, avant de s’installer à Paris en 1956. Il y fait la rencontre de Jean Dubuffet qui, impressionné par ses dessins, le présente à Daniel Cordier. Il sera ensuite dirigé vers la Galerie Jeanne Bucher par le couple de collectionneurs Boulois ainsi que par François Mathey. Sa dramaturgie fantasmagorique puise sa source dans une forme de rédemption, par la peinture ou le dessin, des souvenirs d’adolescent traversés par l’effroi éprouvé dans son Montenegro natal. La Galerie Jeanne Bucher Jaeger lui consacrera plusieurs expositions personnelles – dont la dernière en 2016, Mémoire Epidermique – ainsi que des présentations régulières au sein d’expositions thématiques.

Ce qui m’intéresse, c’est une surface peinte, parce qu’une peinture qui est peinte, elle atteint une richesse minérale ou organique, comme un sol, comme une falaise, comme une écorce d’arbre. Alors, on peut dire : qu’est-ce-que tu vois autour de toi ? Je vois la peinture, je vois l’écorce d’arbre, je vois les nuages, je vois le sol, et malheureusement, je vois de la ferraille, et malheureusement, je vois des murs, et malheureusement, je vois des gens sur une moto, et voilà… Je pense que la peinture doit retrouver – j’essaie de mettre ça dans mon travail – cette noblesse, très simplement végétale et organique, c’est tout. C’est tout ce que je lui demande, je ne lui demande aucun message.

Dado (Portrait en fragments, nov. 2023)

Portrait en fragments

Parution novembre 2023, éditons L’Atelier contemporain. Propos recueillis par Christian Derouet, 1981-1988. Édition établie et présentée par Amarante Szidon.

Portrait en fragments invite à une nouvelle exploration de l’univers foisonnant de l’artiste monténégrin Dado (1933–2010). Organisé autour de thématiques essentielles pour appréhender l’une des figures les plus singulières de l’art de la seconde moitié du XXe siècle, l’ouvrage a été conçu et annoté par sa fille, Amarante Szidon, à partir d’enregistrements, pour la plupart inédits, réalisés en 1981 et 1988 par Christian Derouet, commissaire de l’exposition « Dado. L’exaspération du trait » au Centre Pompidou (19 novembre 1981-18 janvier 1982).

Votre peinture est puissance. Une terreur où la matière est l’homme. Il y a un rapport qui n’appartient qu’à vous, entre les formes-matières ou l’homme-animal, l’invertébré, et les fonds-couleurs qui donnent des pouvoirs de transparence ou de réflexion.

Lettre de Gilles Deleuze à Dado, 26 décembre 1994

Dado, Le Temps d’Hérouval

Parution novembre 2023, éditions L’Atelier contemporain. Photographies de Domingo Djuric. Préface d’Amarante Szidon. Propos de Germain Viatte.

Fils de l’artiste Hessie (1933–2017) et de Domingo Ramírez- Arce (1933–1978), Domingo Djuric (1961–2022) est né à New York. Adopté par Dado en 1962, il arrive avec sa mère et son frère en France le 14 juillet de la même année. Dès les années 1980, désormais établi à Paris, il commence à documenter l’atelier de Dado et l’univers d’Hérouval.

Voici un lieu où tout était vivant, jusqu’au désastre et à la mort même. Malgré un dénuement extrême, il semblait enchanteur. Il enchanta en effet ceux qui le vécurent, un couple d’artistes minutieux et visionnaire, Dado et Hessie, leurs enfants, leurs amis, la volaille, les chats et tous ces animaux que l’on dit sauvages autour de l’étang. Par le regard du fils, nous voici au cœur vécu d’une œuvre intime, bouleversante et belle, juste et inquiétante. 

Germain Viatte

Dado, Triptyque de Pali-Kao, 1972
Huile sur toile, 195,5 x 150,5 x 3 cm, Courtesy Jeanne Bucher Jaeger, Paris-Lisbonne
DADO, Bowery Triptyque, 1975
huile sur toile, 195 x 450 cm, Courtesy Jeanne Bucher Jaeger, Paris-Lisbonne
©️Jean-Louis Losi
Dado, Atlas de dermatologie, 1975
Collage sur bois
87 × 250 cm
Photographie de Jean-Louis Losi