Exposition personnelle présentée du 17 au 30 mai 1938
à la Galerie Jeanne Bucher-Myrbor (9ter, Boulevard du Montparnasse – 75 006 Paris)
Prologue d’André Breton dans le catalogue de l’exposition :
« Femmes agenouillées lavant à la tombée du jour au bord d’une mare. – Jeunesse! Entre nos mains le linge vert pomme de l’homme et de la femme, la belle colonne torse qu’il n’est plus que de développer sur l’herbe sombre qui parfume pour mesurer ce qui se cajole, ce qui s’enflamme, ce qui se glace sous le volant d’une cloche entre midi et minuit. Si d’ici se retirent les apparences humaines, c’est pour faire place à ces figures dérivées d’elles qui pour quelques heures rempliront seules les roses du vent. Des pierres pour les fixer avant que ne passe le géomètre du reve; il voyage sur la grande Roue, tenant le bouquet des cerfs-volants!
Les digitales. – Nous avons ouvert sur les talus un fabuleux magasin de gants pour le servir, lui et les gens de son escorte. Ce sont des gants pour endormir ce qu’on voit, pour toucher ce qu’on ne voit pas. A leur contact des housses glissent sur les meubles, qui glissent à leur tour sur la mousse. C’est de notre couleur qu’il a fait sa liqueur, celle qui fait battre le cœur de ce qui n’a jamais été et s’apprète de toutes pièces à vivre pour lui.
Une salamandre. – Sous ma pierre je l’entends, moi qu’on nomme sourd dans ces régions de l’ouest où s’érige sa tour. Il vient à pas de loup me tendre l’eau dans la capsule du gland des chenes. Sur son épaule, il m’a ménagé une place jaune de l’étoffe qui habille le héros d’un roman intitulé ‘Mytères’. Aussi, dans le feu de toutes mes langues, l’ai-je aidé à faire parler les choses qui, comme moi, se cachaient. »
Bibliographie
Beaux-Arts, n° 281, 20 mai 1938, p. 8, « Les Expositions », annonce reprise dans le n° 282
Beaux-Arts, n° 283, 3 juin 1938, p. 6, « Les Expositions : Yves Tanguy »