21.09.2024 — 18.01.2025

PARIS SURRÉALISTE : Max Ernst – Histoire Naturelle

Max Ernst

Espace MaraisParis

DU 21 SEPTEMBRE 2024 AU 18 JANVIER 2025

PARIS SURRÉALISTE

MAX ERNST
Histoire Naturelle

 

Pour célébrer les 100 ans du Surréalisme, le Comité Professionnel des Galeries d’Art s’associe avec le Centre Pompidou et l’Association – Atelier André Breton autour de l’exposition “Surréalisme”, présentée au Centre Pompidou du 4 septembre 2024 au 13 janvier 2025.

Dans le cadre de l’événement Paris Surréaliste, la galerie expose l’édition HISTOIRE NATURELLE de Max Ernst publiée en 1926 par Jeanne Bucher. Elle se compose de 34 frottages et grattages de Max Ernst, reproduits en phototypie tous signés par l’artiste exceptés 6 exemplaires hors commerce, numérotés de a à f ; le reste du tirage est réparti en 20 exemplaires sur Japon impérial numérotés de 1 à 20, 30 exemplaire sur vélin d’Arches numérotés de 21 à 50, 250 exemplaires sur vélin numérotés de 51 à 300.

Équivalent graphique de l’écriture automatique, le frottage, réalisé en appliquant sur différentes surfaces une feuille de papier passée ensuite à la mine de plomb, constitue l’une des contributions les plus originales de l’artiste à l’histoire du surréalisme. La phototypie (aussi nommée collotypie) utilisée pour ces tirages est un procédé d’impression à l’encre grasse au moyen de gélatine bichromatée et insolée sur plaque de verre. Ce procédé, principal mode d’impression des cartes postales jusque dans les années 1930, permet un rendu à modèle continu non tramé.

Il s’agit de l’un des tout premiers albums des Éditions Jeanne Bucher, qui se poursuivront avec de nombreux artistes et poètes surréalistes tels Max Ernst, Tristan Tzara, Georges Hugnet, Man Ray, Paul Eluard, Hans Bellmer et Yves Tanguy, Jean Hugo et son Miroir magique, publié parJeanne Bucher en 1927 et actuellement célébré dans une exposition au Musée Fabre à Montpellier… L’édition Histoire Naturelle de Max Ernst fît l’objet d’une présentation spécifique dans la boutique Pierre Chareau entre le 24 avril et le 15 mai 1926.

Comme l’écrit Max Ernst à propos de la genèse de l’ouvrage : « Partant d’un souvenir d’enfance au cours duquel un panneau de faux acajou situé en face de mon lit avait joué le rôle de provocateur optique d’une vision de demi-sommeil, et me trouvant, par un temps de pluie, dans une auberge, au bord de la mer, je fus frappé par l’obsession qu’exerçait sur mon regard irrité le plancher dont mille lavages avaient accentué les rainures. Je me décidais alors à interroger le symbolisme de cette observation, et… je tirai des planches une série de dessins, en posant sur elles, au hasard, des feuilles de papier que j’entrepris de frotter à la mine de plomb… Ma curiosité éveillée et émerveillée, j’en vins à interroger indifféremment, en utilisant pour cela le même moyen, toutes sortes de matières pouvant se trouver dans mon champ visuel : des feuilles et leurs nervures, les bords effilochés d’une toile de sac… »

Dans sa chronique pour les Cahiers d’Art n° 4 du mai 1926, p.80, Tériade écrit :

« … Cette peinture des états géologiques nous enchante par son côté neuf, sa surprise et par son romantisme scientifique, si à l’honneur aujourd’hui. Une suggestion plastique du vide, des sons qui s’amplifient en ondes calligraphiées, des dessins très subtils et très savants, en somme de belles illustrations d’un livre… Ce sont les dessins que Max Ernst a composés pour une Histoire Naturelle. Son étonnante variété des gris avec lesquels il obtient les colorations les plus sensibles, une matière travaillée jusqu’à la parfaite souplesse, parfois fluide et transparente, et parfois dense et chargée, lui confèrent des qualités solides. Elles lui permettent toutes les fuites littéraires, tous les vagabondages intellectuels, toutes les aventures imaginatives. Dans le domaine de l’illustration où on se trouve et où Max Ernst doit avoir une belle place, tout dessin doit contenir sa littérature. Le tout c’est de ne pas s’en contenter. »

Chronique de René Crevel dans la « N.R.F. » n° 169, 1 octobre 1927, p. 554-555 :

« … Mais que le Mont-Blanc, grâce au prestige de ses 4810 mètres, continue à dominer l’Europe, n’empêche que le rideau du sommeil tombé sur l’ennui du vieux monde, soudain s’est relevé pour des surprises d’astres et de plantes, et s’effondrent les murs entre lesquels on avait voulu enchaîner les vents de l’esprit. Les araignées lasses de manger les mouches se sont repues de nos montagnes habituelles, et nous connaissons le règne des choses disproportionnées. Justice enfin soit rendue aux insectes. Ce que nous appelions bien fièrement ‘notre éducation’ est à refaire de fond en comble et Max Ernst a raison, qui, sous le simple titre Histoire Naturelle, nous présente réunies en trente quatre planches les terribles merveilles d’un univers dont notre semelle n’essaiera plus d’écraser les petits secrets, désormais plus grands que nous… »

Christian Zervos écrira plus tard, en 1960 : « C’est Jeanne Bucher qui a offert à Max Ernst l’occasion de mettre sous nos yeux des images vues à travers les caprices de son imagination, traduites avec la précision de son dessin et son talent du bien faire. Est-il autre livre de cet artiste qui le rappelle et le représente plus heureusement que les frottages de ses Histoires Naturelles. »

Plusieurs exemplaires de cette édition exceptionnelle se trouvent dans des musées importants comme le MoMA et cet ouvrage a figuré au sein de grandes expositions internationales consacrées au Surréalisme (LACMA, Musée d’Orsay, Musée des Beaux-arts de Nancy…).

Fondée en 1925, la galerie Jeanne Bucher Jaeger fait partie des quelques rares galeries internationales à avoir près de 100 ans d’ancienneté avec une liste d’artistes et un fonds d’œuvres traversant le champ de l’Art du XXe siècle et s’inscrivant dans celui du XXIe siècle.

En dialogue avec cette présentation d’Histoire Naturelle, de Max Ernst, se tient à la galerie la nouvelle exposition d’Evi Keller, ORIGINES, du 21 septembre 2024 au 18 janvier 2025.