L’exposition « Where What Was », d’abord présentée l’hiver dernier au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne, montre un ensemble d’œuvres récentes de Paul Wallach et quelques-unes plus anciennes. Paul Wallach est l’un des sculpteurs les plus singuliers de sa génération. D’origine américaine, l’artiste, qui vit désormais en France, est resté longtemps discret. Dessins dans l’espace, ses assemblages reprennent des questions chères à la sculpture, comme l’équilibre, le vide, la présence. C’est sa première exposition personnelle d’envergure dans une institution française. Une monographie a été publiée à cette occasion.

L’exposition présentée au Domaine de Kerguéhennec permet de prendre toute la dimension d’une œuvre d’exception qui s’est faite trop rare durant ces dernières années. Dans une époque bavarde et dispersée, qui favorise volontiers le foisonnement des images et la rutilance tapageuse des artefacts, nous goûterons, à sa juste mesure, à l’œuvre concentré, silencieux, voire ascétique, de Paul Wallach ; son apparente pauvreté, la ténuité de l’expression, la banalité des matériaux (morceaux de bois et de tissu, bouts de ficelles, colle et vis apparents) ; la manière singulière de s’occuper de l’espace plutôt que d’occuper des lieux ; la qualité des ombres, presque blanches, qui prolongent les œuvres, creusant subtilement le mur ou le sol.

« Lorsqu’on reste longtemps à l’atelier, on atteint à un moment donné le point où on est en contact avec soi-même. C’est cet instant d’extrême présence que je veux fixer. Je voudrais que mes sculptures aient toujours cette présence, qu’elles soient pure présence. » Paul Wallach