Je sens que mes œuvres sont spécifiquement féminines. Il y a dans la mentalité féminine quelque chose qui peut s’élever jusqu’au ciel. L’esprit féminin est positif et pas de la même façon que celui de l’homme (…)
Mon travail est délicat ; il parait puissant mais il est délicat. La véritable force est délicate. Toute ma vie y est incluse, et ma vie tout entière est féminine, et ma création procède d’un point de vue entièrement différent (de celle des hommes). Mon œuvre est une création de l’esprit féminin, cela ne fait pas de doute. Je ne suis pas très modeste. J’ai toujours prétendu bâtir un empire…
Peu de femmes ont le courage de se consacrer à l’art. En un sens, c’est un sacrifice, mais c’est un choix.

Louise Nevelson

La femme et la création féminine sont au cœur de l’histoire de la galerie depuis son origine. En 1933, Jeanne Bucher expose pour la première fois Maria Helena Vieira da Silva à laquelle la galerie consacrera une quinzaine d’expositions monographiques et l’inclura dans d’innombrables expositions de groupe. En 1978, Jean-François Jaeger présente L’Espace en Demeure, exposition proposant une confrontation des œuvres de Maria Helena Vieira da Silva, Louise Nevelson et Magdalena Abakanowicz. Cette thématique, traitée à l’époque de manière précurseur, montrait la création de trois femmes artistes s’exprimant dans l’espace intériorisé de leur médium.

Quarante ans après, Le Féminin Demeure prolonge cette thématique avec ces mêmes artistes et de nouvelles artistes femmes soutenues au fil du temps par la galerie, comme Vera Pagava, Yamamoto Wakako, Fabienne Verdier, Zarina et Antonella Zazzera.

Selon les contextes culturels et les générations de ces artistes, la question de la Demeure est créée pour chacune de ces artistes de diverses manières : que ce soit à travers l’espace à la fois mnémonique et futuristique tissé en réseaux de Maria Helena Vieira da Silva, celui d’une mise en transe de l’espace par les géométries de Louise Nevelson, celui des contours vibratoires de Vera Pagava, celui de la sculpture en ciment de Claude de Soria, celui d’une pleine nature japonisante de Yamamoto Wakako, ou encore l’espace saisi en un Unique trait d’Abstraction réelle de Fabienne Verdier, celui des cartes, voyages et sensations de Zarina, celui d’une trame d’harmoniques cuivrées d’Antonella Zazzera, … Chacune de ces artistes femmes interprète à sa manière une sorte de Demeure à Demeure ou de Demeure intérieure, convoquant à la fois la mémoire d’instants vécus ou profondément ressentis de la Demeure-Corps ou de la Demeure-Maison afin de préserver des sites ou des moments voués à la destruction ou à l’oubli ou de convoquer les questions de nomadisme ou d’exil jusqu’à l’universalité affirmée de la Demeure universelle convoquant les questions actuelles de mémoire-corps, de nature énergétique, d’universalité de soi offrant de nouvelles approches d’inspiration et de questionnement perçues par la sensibilité poétique de l’approche féminine.

Cette exposition, si elle est différente par son approche, entre néanmoins en écho avec l’exposition collective d’artistes femmes organisée à la Monnaie de Paris à partir du 20 octobre 2017 qui s’inspire de l’essai de Virginia Woolf, «Une chambre à soi», évoquant la place qu’occupent les femmes dans le roman et dans l’art en général.

En 2009/2010, l’exposition Elles@centrepompidou, consacrée aux artistes femmes, réunit une sélection de 350 œuvres de 150 artistes, du début du 20e siècle à nos jours. Des œuvres de Maria Helena Vieira da Silva, Louise Nevelson, Magdalena Abakanowicz, ainsi que Fabienne Verdier et Claude de Soria exposées ici, y sont alors présentées.

Louise Nevelson, Sans titre, 1957
Bois noir
148 × 20 × 12 cm
Maria Helena Vieira da Silva, L’Échelle, 1935
Gouache sur papier marouflé sur carton
65 × 23 cm
Photographie de Jean-Louis Losi
Zarina, Folded House, 2016
Collage de feuille d'or 22 carats et papier BFK light imprimé avec encre noir monté sur papier Arches
22,9 × 22,9 cm
Zarina, Flight Log, 1987
Moulage en papier et texte
20,3 × 10,2 × 17,8 cm
Photographie de Jean-Louis Losi
Antonella Zazzera, Armonico C/S CLXXV, 2011
Fils de cuivre
90 × 55 × 15 cm
Photographie de Georges Poncet
Magdalena Abakanowicz, Corps n°4, 1981
Fusain sur papier
115 × 90 cm
Claude de Soria, Disque, 1974
Ciment
ø 65 cm
Photographie de Malala Andrialavidrazana
Vera Pagava, Nature morte sur table, c.1945-1950
Huile sur toile
60 × 72,5 cm
Photographie de Jean-Louis Losi
Zarina, Dreams from my Veranda in Aligarh, 2013
Collage avec feuille d’étain sur gravure avec crayon doré montée sur papier Somerset
99,1 × 76,2 cm
Photographie de Georges Poncet
Yamamoto Wakako, The sound of waterfall II, 1985
Acrylique sur toile
100 x 100 cm
Photographie de Hyde
Fabienne Verdier, Ligne espace-temps, n° 7, 2009
Pigments et encre sur toile
257 × 304 cm
Photographie d’Inès Dieleman
Zarina, Blinding Light, 2010
Papier Okawara découpé et recouvert à la feuille d’or 22 carats
185,4 × 100,3 cm
Photographie de Georges Poncet
folded-house08-web
Collage de feuille d'or 22 carats et papier BFK light imprimé avec encre noir monté sur papier Arches
22,9 × 22,9 cm
Zarina, Weaving Memory, 2006
Gravure sur papier BFK light avec des bandes tissées de texte infographique imprimé sur papier Kozo
101,5 × 92 cm
Maria Helena Vieira da Silva, Normandie, 1949
Gouache sur toile
40 × 47 cm
Photographie de Jean-Louis Losi
Yamamoto Wakako, Flacon de Parfum IX, 1989
Fusain, acrylique et encre de Chine sur papier
55,2 × 43 cm
Photographie de Jean-Louis Losi

informations pratiques

Espace St Germain

Sur rendez-vous
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75 006 Paris – France
T +33 1 42 72 60 42
F +33 1 42 72 60 49
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Nocturne des Galeries

le jeudi 19 octobre
de 18 h à 22 h